LE MAUVAIS GOÛT L’INVASION DE LA POPULACE
LE MAUVAIS GOÛT
L’INVASION DE LA POPULACE
« […] Ceux qui ont connu l’Europe de l’Est durant les décennies noires, ou la Grande-Bretagne en période d’austérité, sauront quelles solidarités et quelles créativités humaines peuvent naître d’une relative pauvreté. Ce n’est pas la censure politique qui tue ; c’est le despotisme du marché de masse et les retombées du vedettariat commercialisé »
[…] Si des jeunes Anglais choisissent de placer David Beckham bien au-dessus de Shakespeare et de Darwin dans leur liste des trésors nationaux, si institutions savantes, librairies, salles de concert et théâtres ne survivent qu’à grand-peine dans une Europe qui, fondamentalement, est prospère et où la richesse n’a jamais parlé plus fort, la faute nous incombe à nous, tout simplement. »
George STEINER
Une certaine idée de l’Europe (Pp.58-59)
Chers Lecteurs,
La honte est mondiale.
Je ne nommerai point cet événement sportif, je me désolidarise de la joie nationale, ce n’est pas mon monde.
La citation de George Steiner que je fais mienne comme toute sa pensée est criante de vérité.
Il suffira de dire que tout ce qui a été fait relève d’une politique décadente où le règne de la populace s’affirme, déployant son ignorance, son mauvais goût et ce manque « de savoir faire et de savoir-vivre » qui était jadis une des principales vertus de la France.
Je ne nommerai pas en détail ni les sujets ni les objets de ce rabaissement dévergondé.
Dans cette soupe immonde se sont retrouvés si bien représentés ceux qui créèrent ce cirque, ce spectacle de troisième ordre.
Le dégout et la honte se firent présent chez tous ceux pour qui la préservation de certaines valeurs doivent rester immuables, je me compte parmi ce cercle restreint parce que nous aimons une France de culture et de raffinement.
Depuis toujours, un ministre de la Culture est le gardien d’une sauvegarde méticuleuse de l’esprit de son pays ; une fois qu’on nous a arraché ignominieusement cette représentation suprême, la France est restée à la dérive.
Il y a des peines spirituelles terribles, semblables à toute perte de l’ordre du sensible, chacun a son répertoire des malheurs, et tous ceux pour qui la beauté, la courtoisie et le respect sont des vertus qui nous devons préserver, cet événement sportif administré par des ignorants ne pouvait que revêtir la France d’un voile fatidique.
Ayons la force d’attendre, ayons la patience de laisser passer ce mois sombre.
L’on dit toujours qu’après une tempête arrive le soleil.
Je ne demande point le soleil, je ne l’aime pas, j’aime les jours nuageux à Paris ; ma seule exigence pour mon cher pays d’adoption est qu’il redevienne un phare de culture, d’intelligence et de beauté.
Est-ce trop espérer ?
Il reste mon seul espoir.
Carmen Florence Gazmuri Cherniak
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