CARMEN FLORENCE GAZMURI-CHERNIAK

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UNE VISITE ROYALE ET UNE CONVERSATION AVEC LA VIEILLE FRNCE…

2 février, 2025 (09:23) | Non classé

 

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cartes HG

 

 

 

 

UNE VISITE ROYALE

 

 

 

UNE CONVERSATION AVEC LA VIEILLE FRANCE

 

 

 

 

Chers Lecteurs,

 

 

La semaine dernière j’avais un rendez-vous à Versailles.

j’y vais régulièrement.

Le bus qui m’emmène entre Poissy et le terminus ne passe que toutes les heures. Nous sommes en milieu rural, c’est scandaleux ! C’est le bus le plus ancien et inadapté pour les handicapés, en tout cas je n’ai jamais rencontré aucun, ce bus me terrifie, chaque fois que je dois aller à Versailles je suis torturée dès la veille, ce bus maudit a quatre marches d’escalier pour monter, et comme d’habitude à Poissy les chauffeurs me refusent la rampe car selon tous « la rampe ne fonctionne pas », alors je lui répond, les portes disent clairement que vous avez la montée handicapés, il ne répond pas, mais en revanche à différence d’autres, il m’a vu affligée, il est descendu lui-même ; il a pris mon déambulateur il l’ monté comme s’il était une plume !, et m’a laissé le temps de monter les marches une à une.

Je suis arrivée à la station Europe en une demi-heure. La descente fut une autre histoire, j’eus la gentillesse de deux voyageurs qui m’aidèrent en prenant le déambulateur qui pèse huit kilos, enfin en terre ferme, uff ! je me suis dit, j’ai commencé ma promenade parce que je suis arrivée avec deux heures d’avance à mon rendez-vous, c’est toujours comme ça chez moi, je n’arrive jamais en retard nulle part et avec cette ligne de bus, il suffit qu’il ait un contre temps pour que son passage ne se fasse toutes les heures mais toutes les deux heures et là , inéluctablement je raterais mon rendez-vous et ça pour rien au monde !

J’ai commencé ma promenade royale, il n’y avait presque personne dans les grandes avenues, en revanche, les rues commerçantes étaient bien remplies, en plus c’était le jour de marché au Centre-ville. J’ai vécu à Versailles plus d’une année quand j’étais jeune. Avec une amie nous allions faire du vélo dans les jardins du château, je me promenais toutes les fins d’après-midi avec Maman, je garde de Versailles le meilleur souvenir.

J’allais travailler à Paris, c’était ma première affectation dans un lycée du XVI, les trains vers la Gare S int-Lazare étaient à l’heure et je n’ai jamais eu aucun problème de transport, à présent non plus…

Le transports internes à Versailles à l’époque étaient parfait et j’ai constaté que depuis une trentaine d’années tout reste parfait, rien n’a changé. Les trains entre la gare Rive Droite et la Gare Saint-Lazare sont toujours à l’heure, les wagons sont les modernes, les plus confortables et non les artefacts très brouillants et anciens, inconfortables que le PDG de la SNCF a laissé pour Poissy et les banlieues pauvres. Ces brutes savent tout calculer et nous font sentir les différences en tout ordre des choses. Il n’y aura aucun habitant de Versailles qui va supporter les wagons et les bus que nous subissons ici à Poissy !!! Il suffit de monter pour se sentir comme une bête qui est conduite à l’abattoir ! Il n’y a qu’un seul chauffeur de tout le réseau qui est gentil et qui me connait, il demande toujours aux passagers qu’on m’aide, mais une hirondelle ne fait pas le printemps !

Le réseau de bus de Versailles sont modernes, il n’est pas nécessaire de demander la rampe pour mon déambulateur, car la seule marche est très basse au niveau du trottoir donc, c’est extra, je n’ai aucun problème.
Ce jour-là il faisait très froid, mais j’ai résisté et me suis lancée pour deux heures de longue promenade, et je pensais que si je ne pouvais rentrer chez moi à Paris, la seule banlieue où je pourrais finir ma vie en paix et contente ce serait à Versailles…Il y a des cafés très accueillants, les vitres avaient de la boue, l’intérieur devait être très chaud, je me suis sentie très mal, diminuée et humiliée, je n’avais pas un centime pour aller me refugier et prendre un café, bon, j’ai pensé, l’année prochaine je vais me rattraper, et je poursuivi ma promenade…Boulevard du roi, boulevard de la reine…Personne ne m’a molesté, je me sentais différente, dans une autre planète…Pour la première fois je ressentais une sensation bizarre, je pouvais me sentir vivante en marchant, sans peur, je pouvais admirer le ciel les arbres, les maisons si anciennes, aux trottoirs centenaires je regardais les fenêtres et m’imaginais la vie paisible des gens à l’intérieur, ils ne pourraient imaginer m’enfer où je vis, aucun de ces versaillais ne pourrait imaginer le genre de vie que je mène enfermée, confinée dans une HLM des plus pourris qu’on ne puisse imaginer de la banlieue la plus délabrée de Poissy. Non, personne de ces habitants ne pourrait imaginer qu’il y a deux France.

Je vis dans la pire de toutes. Si c’était pour récolter cette immondice, je n’aurais jamais tenté de venir me réfugier en France, jamais, et comment aurais-je pu imaginer qu’avec Bac+ 8 la France allait me donner cette réponse minable, ignominieuse, comme si j’étais une prévenue de la pire catégorie qu’il fallait punir !
Je ressenti de la honte pour cette administration criminelle.

Envieuses et sadiques, au lieu de profiter d’une valeur qui arrive leur rendre hommage, elles se vengent, elles ne peuvent pas admettre qu’une étrangère soit plus capable qu’elles et qui est arrivée remplie de culture française sans besoin d’insertion » ni de « méritocratie » !

Comment est-il possible que « La Gazmuri» nous dépasse en connaissances picturales ?!
Arriver artiste-peintre pour rendre hommage à la France de manière plus réussie qu’une française de souche qui n’a fait rayonner aucun héritage intellectuel français, cela n’a pas pu être admis par aucune administration dirigée par des incapables de la pègre qui en arrivistes aidées par le parti politique les a fait monter comme des plantes rampantes elles s’accrochèrent en pratiquant la prostitution de luxe.

C’est bien pour elles, j’ai pensé, je ne leur laisserai aucune de mes toiles, aucun de mes livres. Tout se paie dans la vie. Mon testament est déjà rédigé et entre des bonnes mains.

Je me rappelle que le jour de convocation à la Préfecture de Paris, j’ai été interrogée par les hauts fonctionnaires, une d’entre elles m’a dit, c’est la première fois que nous recevons un dossier si volumineux, vous aurez votre naturalisation parce que vous avez poursuivi chez nous des études supérieures avec succès et parce que vous êtes artiste-peintre. Nous parlâmes quelques phrases sur mon père le peintre Hernán Gazmuri et sur mes toiles, la Fonctionnaire m’a dit, nous avons vu vos peintures, je vais vous poser une question : « vous nous jurez que quand vous serez célèbre, parce que le serez, vous laisserez toute votre œuvre ici pour la France ? »

Mais bien sur lui répondis-je, c’est une évidence !

Elle a souri. Et je suis partie rassurée et très contente. Je me suis rappelée de ce qui me racontait toujours mon père de son séjour à Paris, dès qu’il sortait sa carte de séjour devant n’importe quelle administration française les fonctionnaires restaient admiratifs et lui disaient « ah ! artiste-peintre !!! »

Mon père recevait toujours des éloges des français dès qu’ils se montrait comme artiste peintre, il allait au Louvre travailler et avait une entrée libre…La différence abyssale que j’ai rencontrée a été ma perte, car des générations des rustres accaparèrent le pouvoir et la disparition de Kahnweiler et Malraux fut pour la France notre ruine irréparable, personne n’a pu les remplacer.

J’eus une période riche en amitié culturelle, mais c’est fut de courte durée, à mon arrivée j’ai fait la connaissance de l’Académicien René Huyghe, et je me suis liée d’amitié avec sa collaboratrice Mademoiselle Michèlle Cuby une noble dame d’une vaste culture, généreuse et fort sympathique, la vielle France… c’est grâce à elle que j’ai apprivoisé Paris, elle savait de mon amour pour Paris et m’invitait régulièrement au restaurant, elle arrivait contente et très souriante, et commençait à me sortir des cadeaux, des livres, et elle avait toujours une délicatesse à m’offrir, elle remplissait avec des dons culturels ma vie difficile qui commençait à Paris, elle m’emmena aux musées, m’emmena à Versailles connaître le château ! Je me sentais comme une reine, je rigolais : « je viens visiter ma cousine au Trianon ! » Qu’est-ce que vous êtes drôle Florence ! Me disait-elle…Ensuite elle a fait de mécène elle me disait quelle voulait « collaborer » et que je le méritais, je passerais à l’histoire me disait-elle toujours, vous serez célèbre et je passerai avec vous à l’histoire, je suis votre mécène. C’est ainsi que le jour de sa paie, elle travaillait au Collège de France, elle m’emmenait au restaurant et après nous allions à la boutique acheter des toiles, couleurs et pinceaux, je me faisait livrer, et c’était aussi l’époque ou assidument j’allais faire des croquis à l ’Académie de la Grande Chaumière…Elle me donnait les carnet de coupons qu’elle achetait avant nous rencontrer, elle était d’une générosité sans bornes, j’étais gâtée comme artiste -peintre…elle tomba malade et c’était juste quand j’avais Maman invalide, nous ne nous rencontrâmes plus jamais…De retour à Paris j’ai voulu la rencontrer. Avant, nous ne pouvions parler que par téléphone et un jour, elle m’a dit : « j’en ai marre Florence ».

J’ai compris qu’elle était très malade. Ma tristesse était infinie. Peu de temps après, Michelle n’était plus là. Un vide apparût, la vielle France avait disparu à tout jamais, de nouveau orpheline en amitié et en art, je commençais une étape de souffrance à vif, seule avec Maman qui si âgée, je savais notre binôme de courte durée, mais je me déchirais jour et nuit pour lui rendre son invalidité la plus douce possible jusqu’à ce qui arriva la main assassine du Traître-Tant l’abattre…

Il n’y a personne, plus personne pour redresser ce cataclysme.

 

Il n’y a rien de plus dur que de n’avoir personne avec qui partager cet héritage artistique, mon seul malheur est de ne plus avoir mes parents, mes guides et mes seuls amis véritables avec lesquels je pouvais parler d’art à tout moment, toute notre vie était fondée et vécue au jour dans l’art…Le dialogue s’est éteint à tout jamais.

Les deux heures de promenade finirent au même rythme que mes pensées.

Je me suis rendue à temps à mon rendez-vous.

De retour j’ai marché jusqu’à l‘arrêt Place de la loi, là en attendant le bus de retour, j’ai rencontré un groupe des femmes d’un « certain âge » comme on dit et avec une d’entre elles, j’ai entamé une longue conversation. Un écho de la vielle France arriva soudainement. 

« Et comment est-ce que vous avez eu l’idée de venir en France ?  »  « Vous savez Madame, j’avais de la France une idée d’une France des années 30, j’avais une idée livresque et j’étais remplie d’idées malruciennes… Alors elle éclata de rire

« Mais cette époque-là n’existe plus !

Oui Madame, mais il fallait arriver pour le savoir, ne m’apportez pas rigueur, comment pouvais-je imaginer que la France allait mépriser son passé et faire monter et adorer la pègre !

Alors sort dans la conversation la question du transport, et des HLM ! Vous savez me dit-elle, ne croyez pas que c’est de partout pareil, ici nous avons des HLM très bien pas comme vous me dites à Poissy.
Ah bon ! Vous me donnez des idées ! Je vais réfléchir

« Oui, réfléchissez-y ! »

Le bus arrive pour m’emmener au terminus Europe. Nous nous séparâmes et elle me donna un très beau moment de conversation avec des échos de la vieille France, je ne pouvais pas mieux le retrouver qu’à Versailles.
Une fois arrivée à la station Europe, je descendis pour attendre en plein froid une heure le bus X409,  pour rentrer à l’enfer de Poissy.

Une heure, c’est long. Très long pour attendre en plein froid.

 

Carmen Florence Gazmuri Cherniak

 

 

 

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