CARMEN FLORENCE GAZMURI-CHERNIAK

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HOTSURERU – S’EN DEFAIRE » OU LA RUPTURE DE L’HARMONIE SHINTOÏSTE DANS UNE TRAGIQUE TRANSGRESSION

15 août, 2024 (13:17) | Non classé

 

HOTSURERU

S’EN DÉFAIRE

La rupture de l’harmonie shintoïste

ou une tragique transgression.

LIMINAIRE

La critique occidentale, dans sa majorité a profité pour critiquer la société japonaise selon eux, enfermée en traditions, coutumes, codes et un comportement social « étriqué », cette critique se déplace vers une supposée nécessité des femmes japonaises de « se libérer » du patriarcat et de vivre « à l’occidentale ».

Donc ce personnage féminin, leur sert d’exemple.

L’entretien fait par un « expert de critique de cinéma », a laissé un long entretien fait à Takuya KATO.

J’ai été formée en Art, par mon maître en peinture et maître de vie : mon père.

Dans mes débuts au sein de son atelier, j’avais seize ans, (on ne peut pas commencer l’étude du dessin avant cet âge-là) une fois que je lui ai montré un de mes travaux terminé, je lui ai dit :

« Papa, dommage, il m’est sorti autre chose »

Alors, il a souri et m’a répondu :

« C’est ça qui est bien ! Voilà une réussite, on veut faire une chose, il te sort une autre ».

Je voudrais discuter avec Takuya KATO.

Il a exprimé son projet et les différents choix qu’il a dû choisir pour mener à bien son idée, sauf que nous avons interprété de manière opposée l’exégèse de ce film.

OUVERTURE

La scène s’ouvre en couleurs tamisées donnant un passage enveloppant en clair-obscur.

WATAKO, l’héroïne et personnage romanesque principal a toujours un regard sombre, évasif et se déplace lentement.

Non, nous ne voyons pas le personnage masculin qui lui parle, « on devrait sortir la couverture d’hiver »

Il n’est pas le signe d’une phrase « domestique » et banale au sein d’un couple marié ou non, mais cette phrase qui ouvre la scène a une toute autre traduction, elle est l’expression d’un « partage » de vie commune, qui se fait précisément de petits gestes, et des phrases du quotidien que nous exprimons tous soit en vie de couple, soit en famille.

Les criques féministes se sont servi du petit espace de vie, et des dires du mari de WatakO, pour dévaloriser la vie d’une femme japonaise au foyer qui ne travaille pas « à l’extérieur », et selon elles, la mettre en valeur en train de « supporter » un mari aux mots coupants et insensible.

Tout cet ensemble de phrases exégétiques s’est organisé pour « justifier » l’adultère de l’héroïne romanesque.

Le déroulement des scènes et l’insertion apparemment paradoxale des flash-back sont là pour faire un rappel d’une souvenance, mais principalement comme un appel de la conscience qui s’impose pour dire à WatakO qu’il faut respecter les promesses, les engagements sacrés, exempts du contenu religieux occidental, et le principal de tout ce rappel, est indubitablement l nécessité d’avoir envers soi-même un sens aigu de la responsabilité affective que Watako a perdue de manière volontaire.

LA RUPTURE DE HARMONIE ZEN

La Mort. Le Deuil.

LE DÉNI

La mort et le deuil ont une signification tout autre à celle des racines occidentales ancrées dans les religions monothéistes.

Ce n’est pas pour autant que les préjudices chez les survivants qui ont perdu leurs êtres chers ne soient similaires, c’est la « reconstruction » personnelle du deuil qui diffère diamétralement.

Il faut savoir que dans la configuration spirituelle du Japon, insérés dans la pensée shintoïste qui guide la sphère individuelle, et le bouddhisme, dans l’espace communautaire, offrent des guides de comportement pour maintenir le respect sacré que l’on doit à autrui, et l’équilibre en société ; tous ces codes d’ordre spirituel l’héroïne romanesque les a brisés en devenant une femme adultère.

Elle présente la trace d’un cheminement spéculatif de sa situation qui s’ouvre très lentement, « je ne sais pas dans quelle direction aller… »

elle le dit en monologue intérieur en marchant, et en dialogue avec son amie, qui reçoit en silence ses mots, avec une toute légère phrase : « c’est dur de vivre dans le déni »sans jugement direct, pour ne pas la blesser, elle le donne tout de même.

LE PÈRE DE L’AMANT DE WATAKO

Il est sans conteste un personnage malfaisant en extrême qui sert de contrepoint aux figures qui déambulent autour de la vie de Watako, au lieu de qu’elle les considère sérieusement avec responsabilité affective en amour vis-à-vis de son mari et aussi de respect vis-à-vis de l’amitié qu’elle se doit de maintenir pour l’amitié de son amie.

Au lieu d’être deux socles d’amour qui ne l’auraient pas fait dévier sa conduite, ces figures sont regardées superficiellement, sans que Watako s’implique activement et non avec indolence dans l’amour.

Le déni ne naît pas directement du deuil de son amant, le deuil est l’expérience la plus terrifiante qu’un être humain ne peut supporter dans sa vie, la perte d’un être cher c’est la catastrophe absolue, le scandale suprême.

Dans ce film, le deuil n’est que la conséquence d’une source négative qui n’existe que parce que Watako a commis l’irréparable…L’adultère.

Watako tout comme Anna Karénine œuvrent pour déshonorer leurs maris, c’est leur honneur et leur nom qu’elles déshonorent avec une légèreté si « féminine », ce qui les rend des anti héroïnes provoquant le mépris esthétique et non l’élévation des sentiments nobles.

Avec ce type de personnages, l’individu n’est pas hissé vers les sommets ou précisément l’art littéraire s’agrandit.

Cependant, l’art littéraire n’existe point pour donner des bons exemples :

« Pas de bonne littérature avec des bons sentiments », certes, mais le goût amer reste…

Cette scène de l’accident surgit après leur rencontre, l’accident mortel s’est produit par une voiture qui l’écrase ; un contrepoint réussi est rappelé par le père qui raconte à Watako la détestation irréversible qu’il a reçue de son fils depuis son enfance, quand leur chien fut renversé par un chauffard et qui le laissa agonisant. Le père décrit en détail son vécu du passé et raconte qu’il étrangla le chien pour abroger son agonie, depuis son fils ne lui adressa plus jamais la parole.

Ce deux éléments forment le nœud de la séance animée par un père qui n‘intervient que pour rajouter des ondes négatives à l’action.

Il est celui qui produit une rencontre déplacée entre la femme de son amant et Watako. Conversation inutile et dans le terrain de l’absurde dont la destinée de l’héroïne, déjà bien sombre, aurait pu se voir épargnée de subir.

Il n’y a chez les Japonais la moindre trace d’éléments psychologiques et moins encore freudiens comme les critiques de cinéma veulent de force introduire dans l’art cinématographique de Takuya Kato.

Ce qui forme le pilier de cette transgression spirituelle est le manque de responsabilité morale et affective.

Une femme s’engage de manière consciente et, elle se doit de respecter à celui qui est son mari ou compagnon.

C’est une grave erreur d’exégèse que de dire que Watako a perdu sa capacité d’aimer par le deuil de son amant. La perte de sa capacité d’aimer va à l’encontre unique de son mari.

Le seul instant de violence dans les mots naît grâce à l’interrogation péremptoire du mari qui exige une confession « loyale » de son comportement.

En criant, elle pleure et avoue son infidélité.

Ce crescendo qui explose l’abcès du Mal ouvre dans le dialogue du couple le dénouement ouvert selon la vision spirituelle des Japonais.

Il est néanmoins désespérant la bonté désarmante du mari qui ne veut pas divorcer et qui l’épargne d’une répudiation bien méritée ; c’est un incompressible acte d’amour qui émeut sans limites.

LE KINTSUGI

Ces personnages théâtraux, « agonistas » pour employer le terme de don Miguel de Unamuno, doivent trouver une issue.

La scène finale au sein du petit appartement où sont accumulés cartons et bagages insinuent le croquis d’une nouvelle étape existentielle pour Watako et, on doit imaginer que pareillement pour son mari qui disparaît à tout jamais de la scène.

Le départ de Watako en voiture, conduisant seule marque dans un sens concret et dynamique l’ouverture vers la clairière.

Le dialogue entre deux êtres qui s’aiment doit toujours être le signe en paroles d’un amour oblatif.

C’est cette forme d’amour que Watako a trahi.

Jamais son mari.

Le mari a essayé en vain tout au long de ses tentatives infructueuses pour réparer, influencer, avec sollicitude et gentillesse, Watako resta de marbre, insupportable figure qui déforme ce qu’en littérature provoque de l’admiration, ne serait-ce que pour approfondir notre comparaison, il est nécessaire de faire le contraste avec La plus grandiose et remarquable des héroïnes : ANTIGONE, où son amour inconditionnel pour son frère débouche dans la défense des morts, combat universel sacré qui est pour elle sa raison d’être et où elle implique sa voix, ses mots et sa vie entière.

Watako est une contre héroïne, mais la spiritualité japonaise, remplie de bonté, la fait bénéficier d’une reconstruction, ce que pour les Occidentaux équivaut au « pardon. »

Ce KINTSUGI spirituel fait la reconstruction de Watako, détruite par sa faute, se produira chez elle la métamorphose d’une réparation, que tout comme la porcelaine réparée à l’or, ce travail fera apparaître ses défauts à tout jamais.

Elle devra porter chez elle, ad vitam æternam, sa terrible transgression à l’harmonie Shintoïste, elle revivra réparée mais différemment.

Cette dialectique, où s’articulent l’esthétique et la vision philosophique de la vie japonaise, lui donnera la paix et lui ouvrira la voie d’une restauration mentale pour recommencer à revivre, réparée.

 

Carmen Florence Gazmuri Cherniak

 

 

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